Berto se réjoui de l'avancée des discussions sur le nucléaire iranien en relevant l'hostilité d'Israël et de l'Arabie Saoudite à une normalisation des relations avec l'Etat perse.

C’était prévisible ! Plus les pourparlers sur le nucléaire avec l’Iran, à Lausanne, vont dans le bon sens, plus Netanyahou et l’Arabie Saoudite font grise mine. Quant à Fabius, sioniste de cœur et réputé très habile à se couvrir - rappelez-vous le Rainbow Warrior et le sang contaminé - il s’obstine à dire : « c’est pas encore gagné, il faut voir ». Curieux tout de même cette alliance, de moins en moins tacite, entre les féodaux wahhabites du golfe et Israël. Quand donc l’information du transfuge de la NSA, Edgard Snowden, concernant leur soutien commun et celui des services secret américains à Al Baghdadi et ses cohortes de tueurs, sortira-t-elle de la confidentialité ? Quand donc les grandes puissances occidentales le dénonceront-ils ouvertement ? Sans doute jamais à moins d’un prodigieux retournement de situation, et encore ! La CIA avait bien recruté Ben Laden pour qu’il forme des moujahidines capables de combattre les Soviétiques en Afghanistan dans les années 80, oui, mais pas pour qu’ils fassent s’effondrer les twin towers du World Trade Center en 2001 ! Avez-vous entendu depuis un mea culpa à ce sujet ?



Impossible de tacler Netanyahou

Mon opinion sur Obama est en train de changer. Compte tenu de la collusion qui prévaut entre le Mossad, une frange importante de la CIA et de Al Mukhabarat Al A'amah (les services de Ryad), sa marge de manoeuvre était des plus réduites face aux problèmes cruciaux du Moyen Orient. Impossible de tacler Netanyahou et de le contraindre à changer de politique à l’égard des Palestiniens. Le Premier ministre israélien a la grande majorité des sénateurs américains dans sa poche. Ne s’est-il pas permis d’aller les haranguer, en plein congrès, afin de saborder ouvertement la démarche du président qui négociait à Lausanne avec les délégués iraniens ? Cet affront aurait amplement mérité une rupture des relations diplomatiques. Mais non ! Les liens entre Israël et Washington sont si forts que même le locataire de la Maison Blanche n’a pas le pouvoir de les rompre. Idem pour l’Arabie Saoudite qui grâce au blocus imposé à l’Iran peut garder la maîtrise du détroit d’Ormuz.




Avec des si...

Tous les pétroliers yankees préfèrent traiter avec les monarchies arabes qu’avec ces Iraniens imprévisibles qui durant le fugitif gouvernement démocratique du docteur Mossadegh dans les années 50 s’étaient permis de nationaliser l’industrie pétrolière iranienne sous contrôle anglo-saxon. La CIA et le M16 avaient alors œuvré la main dans la main pour fomenter un coup d’État militaire et remettre le chah en exil sur son trône. Ça, les Iraniens ne l’ont jamais pardonné. Avec l’appui de Londres et de Washington le monarque entama alors une impitoyable répression à l’encontre du Tudeh, un parti communiste puissant qu’il va s’ingénier à affaiblir. Les seuls auxquels le souverain n’ose s’en prendre ouvertement, ce sont les ayatollahs. Quoi d’étonnant à ce que leur influence se répande là où les marxistes n’ont plus les moyens d’exercer la leur ? Si Mossadegh n’avait pas été chassé du pouvoir, si le chah n’avait pas été remis sur le trône par les Occidentaux, si l’opposition laïque n’avait pas été décimée, jamais il n’y aurait eu de République islamique en Iran. Mais avec des si, comme dit l’autre, on mettrait Paris en bouteille. Tout ce qui s’ensuivit : l’affaire des otages de l’ambassade américaine à Téhéran, les attaques du Hezbollah contre les forces d’interposition à Beyrouth, sont plus des réactions de défense que d’attaque.


Rétablir un contact

Idem pour ce qui se passe aujourd’hui au Yémen. Si l’Iran ne montrait pas ses muscles face à la coalition américano-israélo-saoudienne, il y a belle lurette qu’il aurait été considéré comme un pays de seconde zone. C’est tout à son honneur de ne pas avoir courbé l’échine et fait comprendre aux puissants de ce monde que rien de ce qui se décide dans cette région ne peut être entrepris sans son aval. États-Unis et Urss ont - par le conflit « Irak-Iran » qui a duré huit ans, le double de la guerre de 14-18, et fait des millions de morts - essayé en fournissant armes et soutiens à Sadam Hussein, d’abattre cette fière nation, en vain. Il est aussi tout à l’honneur du président Obama de chercher aujourd’hui à rétablir un pont entre elle et le monde occidental qui a commis par le passé tant et tant d’injustices à son encontre. Les Israéliens, eux, ont la bombe atomique. Ne seraient-ils pas tentés de s’en servir s’ils se sentaient menacés ? Sont-ils plus doués, plus sages que ce très vieux peuple proche de la Mésopotamie qui savait déjà réaliser des céramiques d’une saisissante beauté quand Noé errait encore avec ses troupeaux sur des terres incultes ?



Jean Bertolino

 

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